Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/109

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Le foible, qui réclame en vain l’appui des dieux.
   Thémis, dit-on, alors remonta dans les cieux.
La terre en ce moment est livrée au pillage.
Nulle propriété qu’on ne doive au carnage.
Le vainqueur, insensible au cri de la raison,
Ravit à son voisin sa femme et sa moisson.
Des Pâris ont par-tout allumé sur la terre
Au flambeau de l’amour le flambeau de la guerre ;
Et l’univers entier ne présente à mes yeux
Que des veuves en pleurs et des maisons en feux.
La mort, qui pousse au loin des hurlements terribles,
Va, parcourt l’univers sous cent formes horribles.
Pour réprimer ces maux on vit dans les états
Le public intérêt créer des magistrats.
Chargés de protéger la trop foible innocence,
La loi leur confia le glaive et la puissance.
On jure entre leurs mains de soutenir leurs droits ;
Ils jurent à leur tour de maintenir les lois.
   Mais à ces vains serments le magistrat parjure
Oublia qu’il étoit un droit de la nature :
Le pouvoir affermi cessa d’être en ses mains
L’instrument fortuné du bonheur des humains.
À peine indépendant, je le vois entreprendre
D’anéantir des lois qu’il juroit de défendre,