Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/11

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Je dis ; un doux sommeil appesantit mes yeux,
Et, descendu soudain de la voûte des cieux,
Un songe bienfaiteur, dans l’azur d’une nue,
Présente à mes regards la Sagesse ingénue.
Simple dans ses discours, aimable en son accueil,
Elle n’affecte point un pédantesque orgueil ;
D’une fausse vertu dédaignant l’imposture,
Elle-même applaudit aux leçons d’Épicure ;
Indulgente aux humains, de sa paisible cour
Elle n’écarte point et les Jeux et l’Amour.
Mortel, je viens, dit-elle, appaiser tes alarmes,
De tes humides yeux je viens sécher les larmes,
T’apprendre qu’au hasard tu diriges tes pas,
Et cherches le bonheur où le bonheur n’est pas.
Je me trouve à ces mots au centre d’un bocage.
Une onde vive et pure en rafraîchir l’ombrage ;
Sous un berceau de myrte est un trône de fleurs
Dont l’art a nuancé les brillantes couleurs.
Là du chant des oiseaux mon oreille est charmée ;
Là d’arbustes fleuris la terre est parfumée :
Leurs esprits odorants, leur ombre, leur fraîcheur,
Tout invite à l’amour et mes sens et mon cœur :
Dans ces lieux enchantés tout respire l’ivresse.
C’est ici, dit mon guide, ou règne la Mollesse.