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VARIANTE
DE L’ÉPÎTRE
SUR LE PLAISIR.

Malheureux, éclairés par leurs calamités,
Les humains font entre eux des pactes, des traités ;
La sûreté de tous, voilà leur loi premiere.
Sans la loi, sans ce joug honteux, mais nécessaire,
Le foible est opprimé, le fort est oppresseur.
Le grand art de régner, l’art du législateur,
Veut que chaque mortel qui sous des lois s’enchaîne,
En suivant le penchant où son plaisir l’entraîne,
Ne puisse faire un pas qu’il ne marche à-la-fois
Vers le bonheur public, le chef-d’œuvre des lois.
Selon qu’un potentat est plus ou moins habile
À former, combiner cet an si difficile
D’unir et d’arracher par un lien commun
À l’intérêt de tous l’intérêt de chacun,
Selon que bien ou mal il fonde la justice,
On chérit les vertus, ou l’on se livre au vice.