Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/112

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S’en servit pour courber sous un joug illégal
L’homme libre en naissant, et créé son égal.
C’est ce même plaisir dont la seule espérance
Inspire au magistrat l’amour de la puissance,
Et qui, vers la grandeur fixant toujours ses yeux.
Souvent d’un prêtre saint fit un ambitieux.
Pour élever la chaire il abaissa le trône,
A la mitre bientôt asservit la couronne ;
Et, maître des esprits, ce prêtre fait des rois
Des esclaves titrés, mais rampants sous ses lois.
Qui des décrets du ciel se dit dépositaire
Peut toujours à son gré commander au vulgaire.
Sous le nuage saint qui voile les autels
L’adroite ambition se cache aux yeux mortels :
Le farouche dervis, sous la bure et la haire,
De ses vastes desseins déguise le mystere ;
Il paroît occupé du chemin du salut ;
Il cherche le pouvoir ; le plaisir est son but.