Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/159

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je n’ai jamais lu l’Utopie de Thomas Morus. Cependant je m’avisai de donner une fête, il y a quelques jours, dans Bruxelles, sous le nom de l’envoyé d’Utopie. La fête étoit pour Mme du Châtelet, comme de raison. Mais croiriez-vous bien qu’il n’y avoit personne dans la ville qui sût ce que veut dire Utopie ? Ce n’est pas ici le pays des belles-lettres. Les livres de Hollande y sont défendus ; et je ne peux pas concevoir comment Rousseau a pu choisir un tel asyle. Ce doyen des médisants, qui a perdu depuis longtemps l’art de médire, et qui n’en a conservé que la rage, est ici aussi inconnu que les belles-lettres. Je suis actuellement dans un château où il n’y a jamais eu de livres que ceux que Mme du Châtelet et moi nous avons apportés ; mais, en récompense, il y a des jardins plus beaux que ceux