Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette plaine à tes yeux présente les guerriers
Que la Victoire a ceints de coupables lauriers.
Fléaux du monde entier, ses maux sont leur ouvrage.
Mais quels tristes accents ! quel effroi ! quel ravage !
De palais, de hameaux et de moissons couverts,
Les champs à leur aspect se changent en déserts.
Ici, vois la Terreur, à l’œil fixe, au teint blême,
Qui fuit, s’arrête, écoute, et s’effraie elle-même.
Plus loin, c’est la Fureur, la froide Cruauté ;
Qui de leurs pieds d’airain foulent l’Humanité ;
L’aveugle Désespoir, qui, nourri pour la guerre,
Le bras nu ; l’œil troublé, court, combat, et s’enferre
Vois ces fiers conquérants, ces superbes Romains,
Sous le poids de leur gloire oppresser les humains ;
Vois leurs pas destructeurs marqués par le carnage,
Les remparts enflammés éclairant leur passage,
Les temples de la Paix tombant à leurs regards,
Et les Arts éperdus fuyant de toutes parts.
Tels sont donc les mortels dont la terre en silence
Adore les décrets, révere la puissance !
Par-tout on leur construit des tombeaux fastueux,
D’un pouvoir qui n’est plus monuments orgueilleux ;
On les éleve au ciel, l’univers les admire :
Avec ses destructeurs c’est ainsi qu’il conspire,