Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/18

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Troublé par le présent, rarement y peut voir
L’avenir embelli des rayons de l’espoir ;
La Crainte prévoyante, à travers les ténebres,
Le lui montre éclairé par des lueurs funebres.
Il se hait, il se fuit : souvent, pour le punir,
Le ciel lui rend présents tous les maux à venir.
Ô folle Ambition, poursuivoit la Sagesse,
Déjà gronde sur toi la foudre vengeresse.
Lorsque la Trahison, la Fourbe et les Fureurs
Ont applani pour toi la route des grandeurs,
Au trône où tu t’assieds tu portes les alarmes ;
J’y vois ton voile d’or inondé de tes larmes.
Elle dit ; et j’entends sur ces monts caverneux
L’Ambition pousser des hurlements affreux.
Avec un bruit pareil au long bruit du tonnerre
Ses cris sont répétés aux deux bouts de la terre.
Tous les ambitieux, accourant à sa voix,
Par trois chemins divers s’avancent à-la-fois.
Les premiers, précédés de la pale Épouvante,
Le bras ensanglanté, la tête menaçante,
Marchent en décochant les fleches du trépas.
La Désolation se roule sur leurs pas ;
L’Esclavage les suit traînant ses lourdes chaînes,
Et conjurant la Mort de terminer ses peines.