Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/30

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Voile d’une orgueilleuse et sainte obscurité,
Moins il fut entendu, plus il fut respecté.
Mais de la Perse enfin chassé parla Mollesse,
Il traverse les mers, s’établit dans la Grece.
Il connoît, il a vu la cause en ses effets ;
Et la terre et les cieux sont pour lui sans secrets.
Hésiode prétend que sur l’abyme immense
Régnoient le sombre Érebe et l’éternel silence,
Alors que dans les flancs du Chaos ténébreux
L’Amour fut engendré pour commander aux Dieux.
Déjà l’antique nuit qui couvre l’empyrée
Est par les feux du jour à moitié dévorée.
L’Amour né, tout s’anime, et s’arrache au repos ;
Le ciel étincelant se courbe autour des eaux ;
Thétis creuse le lit des ondes mugissautes ;
Et Titée, au-dessus des vagues écumantes,
Leve un superbe front couronné par les airs.
L’ordre, né du chaos, embellît l’univers.
Ainsi, dans des esprits admirateurs d’eux-mêmes,
L’orgueil de tout connoître enfante des systèmes ;
Ainsi les nations, jouets des imposteurs,
Se disputant encor sur le choix des erreurs,
Aux plus folles souvent rendent le plus d’hommages ;
Ainsi notre univers, par de prétendus sages