Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/41

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Vers des monts escarpés à ces mots elle avance.
Sur leur cime je vois le Doute, le Silence,
La Méditation à l’œil perçant et vif,
La sage Expérience au regard attentif :
Ensemble ils assuroient par des travaux immenses
Les nouveaux fondements du palais des sciences :
Ils y portoient déjà le jour des vérités.
Ces monts par des mortels seroient-ils habités ?
Que vois-je à leur sommet ? Des sages, reprit-elle.
Ils s’abreuvent ici d’une joie immortelle ;
A leur puissante voix la nature obéit ;
Son voile est transparent à l’œil de leur esprit ;
D’un pas ils ont franchi la borne qui sépare
Le vrai le plus commun d’un vrai fin et plus rare ;
Dans les secrets du ciel leurs yeux ont su percer ;
Des effets a leur cause ardente il s’élancer
Leur raison a détruit le regne des prestiges ;
À leurs sages regards il n’est plus de prodiges ;
Semblables à des dieux, ils ont pesé les airs,
Mesuré leur hauteur, ceintré notre univers,
À d’uniformes lois asservi la nature.
Dans la variété qui forme sa parure,
Dans l’abyme des eaux, sur les monts, dans les cieux,
Que de secrets profonds ne s’offrent qu’à leurs yeux !