Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/42

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L’un examine ici quelles forces puissantes
Suspendent dans l’éther ces étoiles errantes ;
Comment, en débrouillant l’immobile chaos,
L’attraction rompit les chaînes du repos ;
Cet autre a rallumé les flambeaux de la vie ;
De la rapide mort la course est ralentie ;
L’art émousse déjà le tranchant de sa faux,
Et le temps est plus lent à creuser les tombeaux.
Plus loin, reconnais-tu ces ames courageuse
Qui fendirent du nord les ondes paresseuses,
Ces flots qui, soulevés et durcis par les vents.
Surnagent sur les mers en rochers transparents ?
Dans ces tristes climats où leur gloire se fonde ;
Sur un axe plus court ils suspendent le monde.
Que leurs vastes travaux étonnant mon esprit !
Je sens qu’à leur aspect mon ame s’agrandit.
Ici je pourrai donc épier la nature,
Percer de ses secrets la profondeur obscure !
Je pourrai donc enfin rencontrer le bonheur !
N’eussé-je qu’un seul goût, il suffit à mon cœur.
Un doute cependant me saisit et m’accable :
L’erreur est de nos maux la source inépuisable ;
Elle s’ouvre un accès dans le plus grand esprit :
C’est l’onde qui par-tout et filtre et s’introduit.