Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/44

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L’Amour a-t-il quitté les bosquets d’Idalie.
Pour les arides monts où se plaît Uranie ?
Les sages voudroient-ils se bannir de ces lieux ?
Non ; mais, dit la Sagesse, ils sont dans l’âge heureux
Où le dieu de l’amour les brûle de ses flammes :
Doivent-ils, chastes fous, les éteindre en leurs ames ?
Ma main entrelaça dans le sacré vallon
Le myrte de Vénus au laurier d’Apollon.
L’Amour est un des dieux à qui je rends hommage :
C’est le tyran d’un fou, mais l’esclave d’un sage ;
Il donne à l’un des fers, a l’autre des plaisirs.
Ici, des sens, du cœur maîtrisant les desirs,
L’heureux Anacréon, guidé parla Sagesse,
Des roses du plaisir colore sa maîtresse,
Dévoile ses beautés, et célèbre l’Amour.
Chantre voluptueux, il regne en ce séjour.
« Jouissez des beaux jours que le printemps fait naître :
« La fleur à peine éclose est prête à disparoître.
« En vos cœurs, nous dit-il, que l’heureux souvenir
« D’un plaisir qui s’éteint y rallume un desir.
« Causez avec Zénon, dansez avec les Graces.
« Puisse l’Amour folâtre, empressé sur vos traces,
« De son ivresse en nous prolonger les instants !
« Voyez ce papillon, au retour du printemps,