Jetés comme au hasard dans cet espace immense,
Par la loi de Newton s’y tiennent en balance ;
Est-il moins beau de voir quels ressorts éternels
Et quel agent commun meuvent tous les mortels ;
De dévoiler des temps l’obscurité profonde ;
D’observer l’amour-propre aux premiers temps du monde,
De le voir en nos cœurs créer les passions,
Éclairer les humains, former des nations ;
Contre l’outrage ici déchaîner la vengeance ;
Là contre l’assassin cuirasser la prudence,
Et forger de sa main la balance des lois,
La chaîne de l’esclave, et le sceptre des rois ;
De voir les nations tout-à-tour sur la terre
S’illustrer par leurs lois, par les arts, par la guerre ;
D’examiner les mœurs dans chaque état naissant,
De prévoir sa grandeur ou son abaissement ;
D’en découvrir la cause encore imperceptible ;
Et, d’un œil prophétique à qui tout est visible,
De se rendre présents les siecles à venir ?
Qu’en ces lieux, ô Clio, tu m’offres de plaisir !
Non, jamais sur ces monts la céleste Uranie.
À de plus grands objets n’éleva mon génie.
Sagesse, en ce moment je suis deux fois heureux :
J’unis-deux goûts divers. Cependant à mes yeux
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