Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/49

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Le temple du bonheur ne s’offre point encore.
Sans doute un dieu l’habite. Est-ce en vain qu’on l’implore ?
De ma félicité le ciel est-il jaloux ?
Pourquoi le seroit-il ? Créé pour tous les goûts,
Non, tu n’es point heureux autant que tu peux l’être ;
Chaque instant, ô mon fils, ton bonheur peut s’accroître :
Viens, il te reste encor des plaisirs à sentir :
La carriere des arts à tes yeux va s’ouvrir.
Je me trouve à ces mots au milieu d’une plaine.
Dans un cercle argenté que forme l’Hippocrene
Est un bois de palmiers qui se voûte en berceaux,
Et dont l’art bienfaiteur a tissu les rameaux.
De leurs fronts reverdis descend un frais ombrage ;
Mille festons de fleurs suspendus au feuillage
Y parfument au loin les haleines des vents.
Quelles mains ont créé ces palais du printemps ?
Pour qui tous ces autels ? quelle est cette déesse ?
L’Imagination, répliqua la Sagesse,
Qui peut rouvrir encore les gouffres du chaos,
Et produire à son gré cent univers nouveaux.
Son œil perce au-delà du monde qu’elle embrasse ;
Elle franchit d’un saut et le temps et l’espace.
G’est elle qui courba tous les cercles des cieux,
Qui bâtit l’empyrée, et créa tous les dieux ;