Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tout-à-coup disparoître, et n’offrir à la vue
Qu’Adonis expirant, ou Didon eperdue.
Que de tableaux divers ont frappé mes regards !
Chastes filles du ciel qui présidez aux arts,
Muses, quel feu nouveau me pénetre et m’enflamme !
Je sens que tous les goûts sont entrés dans mon ame.
Si j’en crois le transport qui fait battre mon cœur,
Vos mains m’ouvrent enfin le palais du bonheur.
Les goûts que tu fais naître, ô sublime Sagesse,
Comme les passions, ont aussi leur ivresse :
Te sens qu’à ses plaisirs l’homme encore, en ces lieux,
Joint le plaisir nouveau de se sentir heureux.
En achevant ces mots, sur les pas de mon guide,
Entraîné tout-à-coup d’une course rapide,
Dans un séjour riant je me vois transporté,
Et me trouve au palais de la Félicité.
Les Arts et les Plaisirs environnoient son trône ;
Apollon et l’Amour soutenoient sa couronne,
Le calme de son ame étoit peint dans ses yeux ;
Et la joie y brilloit toujours des mêmes feux.
Le Temps, me dit alors la divine Sagesse,
Dont parmi les humains la joie ou la tristesse
Tour-à-tour précipite ou ralentit le cours,
Par des plaisirs égaux mesure ici les jours.