Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/92

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Du cercle qu’il parcourt les bornes sont prescrites ;
Dieu de son doigt puissant en traça les limites.
Cette fiere raison qu’on s’obstine à prôner,
Où l’œil cesse de voir, cesse de discerner.
Que servent après tout les études immenses,
Et ce fatras obscur de vaines connoissances,
Et tous ces longs calculs avec leurs résultats ?
Quel changement heureux apportent aux états
Ces illustres savants, ces esprits indociles,
Incommodes souvent, et toujours inutiles,
Fainéants orgueilleux tolérés par les lois,
Accueillis par les fous, méprisés par les rois ?
Je les vois en secret rongés par l’indigence,
De l’inutilité trop juste récompense.
Que ne les conduit-on, ces superbes esprits,
Couronnés de lauriers, hors des murs de Paris !
Le vulgaire ignorant ainsi parle et s’abuse.
Loin de le condamner, je le plains et l’excuse.
Sait-il qu’en son calcul ce savant absorbé
Qui multiplie A A par B B plus B B
Doit, reprenant en main le compas et l’équerre,
Tracer sur le papier la figure d’un verre
Qui, brisant les rayons dans sa courbe épaisseur,
Et du dôme des airs abaissant la hauteur,