Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/95

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Ne sont plus endormis sur la mobile arene.
Le navire, cédant au pouvoir qui l’entraîne,
S’élance dans les flots ; et l’humide élément
Jaillit, écume au loin, l’embrasse en mugissant.
Nos vaisseaux par ces arts sont armés pour la guerre ;
Ils cinglant la Mahon, ils bravent l’Angleterre.
Voyez-les provoquer el chercher les combats.
L’onde gémit au loin, et ces superbes mâts
N’offrent plus au regard qu’une forêt errante
Qu’éclaire coup sur coup une flamme tonnante.
Ces arts, dit l’ignorant, ne m’en imposent pas.
Regardez ce chymiste entouré de matras ;
S’il a purifié les soufres de la terre,
Broyé les minéraux, et pètri le tonnerre,
N’a-t-il pas de ses feux armé les scélérats ?
Soit : mais il rétrécit l’empire du trépas ;
Et, s’il ne peut des rois étouffer les querelles,
Il prête à leurs fureurs des armes moins cruelles ;
La guerre est moins sanglante, et Mars porte aux humains
Des coups plus effrayants, mais des coups moins certains.
Des malheureux mortels lit-on l’antique histoire ?
On y voit en tout lieu l’implacable victoire
Briser l’orgueil des rois, les jeter dans les fers,
Et changer tout-à-coup les cités en déserts.