Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/96

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Un seul combat jadis décidoit d’un empire.
Sans défense, sans forts, sans l’art de les construire,
Les états sont par-tout ouverts aux conquérants.
Des bouts de l’univers ces rapides torrents,
Dont rien n’arrête encor la troupe vagabonde,
Se succedent l’un l’autre, et ravagent le monde.
Mais Vauban est-il né ? le génie et les arts
En creusant les fossés élevent les remparts ;
Il oppose en tous lieux les digues aux orages,
Et dans un cercle étroit concentre les courages.
Ce n’est plus aujourd’hui l’âge des conquérants ;
Les rois sont couronnés de lauriers moins sanglants.
Pour maintenir la paix entre chaque puissance
L’Europe politique en main prend sa balance ;
Dans un juste équilibre y pese les états.
On ne respire plus le sang et les combats :
Le guerrier sacrifie en une paix durable
L’orgueil d’être terrible au desir d’être aimable.
Un héros dans le nord appelle les talents :
Telle la poudre en feu fait effort en tout sens,
En tout sens Frédéric fait effort vers la gloire :
Favori d’Apollon, il l’est de la victoire ;
Capitaine, orateur, des muses visité,
Il l’ouvre deux chemins à l’immortalité.