Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/97

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Des mains dont il frappa l’aigle de Germanie.
Il caresse les arts, applaudit au génie.
Mais son panégyrique irrite l’ignorant :
J’entrevois son humeur à son rire insultant.
Croyez-m’en, dira-t-il, les grandes découvertes
Par un heureux hasard nous sont toujours offertes ;
Et vos savants enfin, avec tous leurs grands mots,
N’ont rien trouvé que l’art d’en imposer aux sots,
De leur superbe esprit l’orgueilleuse foiblesse
Fait des dons du hasard honneur à leur sagesse ;
Et ne veut pas, trompé dans ses vains arguments,
Voir que tout sur la terre est un bienfait du temps.
Le temps nous fit ses dons, je le veux : mais un sage
Fit le plus précieux ; il en montra l’usage.
Sans lui, sans son secours, esprit foible et jaloux,
Le prodigue hasard auroit peu fait pour nous.
Je veux qu’il eût ouvert une riche carriere :
Auroit-on sans les arts taillé, poli la pierre ?
Je le répete encor, sans les arts bienfaisants,
Le ciel nous eût comblés d’inutiles présents.
En quel temps, quels climats, les arts et les sciences
N’ont-ils pas du bonheur répandu les semences ?
Il sera son ouvrage. A-t-il enfin germé ?
L’ignorant ne sait plus la main qui l’a semé.