Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 14.djvu/102

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à qui un paysan répondoit avec fierté. « Quoi ! lui disoit un Français, vous souffrez ainsi l’insolence de vos paysans » ! — « Non seulement je le souffre, répondit-il, mais je l’estime : c’est signe qu’ils n’ont pas besoin de moi, et qu’ils sentent leur égalité avec tout autre homme. »

Il n’y a rien à attendre d’un peuple ignorant qui méconnoît sa dignité, et ne sait faire aucun usage de sa raison. Le sultan est-il plus heureux de commander à des esclaves abrutis, qu’un roi d’Angleterre de se faire obéir par des hommes libres ? L’œil du voyageur se repose-t-il avec plus de complaisance sur les plaines désertes de l’Asie que sur les contrées montueuses de la Suisse ? Une poignée de Grecs instruits et libres faisoit trembler les nombreuses armées du grand roi. C’est par la destruction de l’esclavage