Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 14.djvu/61

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ment que le préjugé s’en empare pour s’en servir et les perpétuer. Employer la philosophie à leur donner de l’importance, c’est faire prendre à l’esprit humain une marche rétrograde, et éterniser des abus que l’intérêt et la mauvaise foi ne sont que trop habiles à faire valoir. L’idée de la perfection amuse nos contemporains ; mais elle instruit la jeunesse, et sert à la postérité. Si nos neveux ont le sens commun, je doute qu’ils s’accommodent de nos principes de gouvernement, et qu’ils adaptent à des constitutions, sans doute meilleures que les nôtres, vos balances compliquées de pouvoirs intermédiaires. Les rois eux-mêmes, s’ils s’éclairent sur leurs vrais intérêts, (et pourquoi ne s’en aviseroient-ils pas ?) chercheront, en se débarrassant de ces pouvoirs, à faire plus sûrement leur bonheur et celui de leurs sujets.