Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 14.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avoit besoin d’un systême pour rallier toutes ses idées, et que, ne voulant rien perdre de tout ce qu’il avoit pensé, écrit ou imaginé depuis sa jeunesse, selon les dispositions particulieres où il s’est trouvé, il a dû s’arrêter à celui qui contrarieroit le moins les opinions reçues. Avec le genre d’esprit de Montaigne, il a conservé ses préjugés d’homme de robe et de gentilhomme : c’est la source de toutes ses erreurs. Son beau génie l’avoit élevé dans sa jeunesse jusqu’aux Lettres persanes. Plus âgé, il semble s’être repenti d’avoir donné ce prétexte à l’envie de nuire à son ambition. Il s’est plus occupé à justifier les idées reçues que du soin d’en établir de nouvelles et de plus utiles. Sa maniere est éblouissante. C’est avec le plus grand art du génie qu’il a formé l’alliage des vérités et des préjugés. Beaucoup de nos phi-