Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/129

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aussi l’est-elle. Mais la plupart des courtisans ne s’exerçant que sur des matieres frivoles, le dictionnaire de la langue noble est, par cette raison, très court, et ne suffit pas même au genre du roman, dans lequel ceux des gens du monde qui voudroient écrire se trouveroient souvent fort inférieurs aux gens de lettres[1].

  1. Ce qui fait le plus d’illusion en faveur des gens du monde, c’est l’air aisé, le geste dont ils accompagnent leurs discours, et qu’on doit regarder comme l’effet de la confiance que donne nécessairement l’avantage du rang : ils sont à cet égard ordinairement fort supérieurs aux gens de lettres. Or la déclamation, comme le dit Aristote, est la premiere partie de l’éloquence. Ils peuvent donc, par cette raison, avoir, dans les conversations frivoles, l’avantage sur les gens de lettres : avantage qu’ils perdent lorsqu’ils écrivent ; non seulement parce qu’ils