Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/148

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est-il toujours inspiré par le désespoir de se rendre illustre.

On doit vanter ce qu’on a, et dédaigner ce qu’on n’a pas : c’est un effet nécessaire de l’orgueil. On le révolteroit si l’on ne paroissoit pas sa dupe. Il seroit, en pareil cas, trop cruel d’éclairer un homme sur les vrais motifs de ses dédains ; aussi le mérite ne se porte-t-il jamais à cet excès de barbarie. Tout homme (qu’il me soit permis de l’observer en passant), lorsqu’il n’est pas né méchant, et lorsque les passions n’offusquent pas les lumieres de sa raison, sera toujours d’autant plus indulgent qu’il sera plus éclairé. C’est une vérité dont je me refuse d’autant moins la preuve, qu’en rendant justice, à cet égard, à l’homme de mérite, je puis, dans les motifs même de son indulgence, faire plus nettement appercevoir la cause