Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
de l’esprit,

des intentions. Comment le seroit-on ? Une action n’est presque jamais l’effet d’un sentiment ; nous ignorons souvent nous-mêmes les motifs qui nous déterminent. Un homme opulent enrichit un homme estimable et pauvre : il fait sans doute une bonne action ; mais cette action est-elle uniquement l’effet du desir de faire un heureux ? La pitié, l’espoir de la reconnoissance, la vanité même, tous ces divers motifs, séparés ou réunis, ne peuvent-ils pas à son insu l’avoir déterminé à cette action louable ? Or, si le plus souvent l’on ignore soi-même les motifs de son bienfait, comment le public les appercevroit-il ? Ce n’est donc que par les actions des hommes que le public peut juger de leur probité.

Je conviens que cette maniere de juger est encore fautive. Un homme a, par exemple, vingt degrés de pas-