Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/22

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hommes sont mus par la même force ;

    ce spectacle, est, pour ainsi dire, forcé de secourir le malheureux. L’homme inhumain, au contraire, est celui pour qui le spectacle de la misere d’autrui est un spectacle agréable : c’est pour prolonger ses plaisirs qu’il refuse tout secours aux malheureux. Or ces deux hommes si différents tendent cependant tous deux à leur plaisir, et sont mus par le même ressort. Mais, dira-t-on, si l’on fait tout pour soi, l’on ne doit donc point de reconnaissance à ses bienfaiteurs ? Du moins, répondrai-je, le bienfaiteur n’est-il pas en droit d’en exiger ; autrement ce seroit un contrat et non un don qu’il auroit fait. « Les Germains, dit Tacite, font et reçoivent des présents, et n’exigent ni ne donnent aucune marque de reconnoissance ». C’est en faveur des malheureux, et pour multiplier le nombre des bienfaiteurs, que le public impose, avec raison, aux obligés le devoir de la reconnaissance.