Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/39

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analogie avec les leurs. On sait ce mot d’un cardinal. Après la nomination du pape, ce cardinal s’approche du saint pere, et lui dit : « Vous voilà élu pape ; voici la derniere fois que vous entendrez la vérité. Séduit par les respects, vous allez bientôt vous croire un grand homme. Souvenez-vous qu’avant votre exaltation vous n’étiez qu’un ignorant et un opiniâtre. Adieu, je vais vous adorer. » Peu de courtisans, sans doute, sont doués de l’esprit et du courage nécessaires pour tenir un pareil discours ; mais la plupart d’entre eux, semblables à ces peuples qui tour-à-tour adorent et fouettent leur idole, sont en secret charmés de voir humilier le maître auquel ils sont soumis. La vengeance leur inspire l’éloge qu’ils font de pareils traits, et la vengeance est un intérêt. Qui n’est point animé