Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/67

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jugements conformes à l’intérêt public ; mais elles ne font alors que satisfaire la passion qu’un orgueil éclairé leur donne pour la vertu, et par conséquent qu’obéir comme toute autre société à la loi de l’intérêt personnel. Quel autre motif pourroit déterminer un homme à des actions généreuses ? Il lui est aussi impossible d’aimer le bien pour le bien, que d’aimer le mal pour le mal[1].

  1. Les déclamations continuelles des moralistes contre la méchanceté des hommes prouvent le peu de connoissance qu’ils en ont. Les hommes ne sont point méchants, mais soumis à leurs intérêts : les cris des moralistes ne changeront certainement pas ce ressort de l’univers moral. Ce n’est donc point de la méchanceté des hommes dont il faut se plaindre, mais de l’ignorance des législateurs, qui ont toujours mis l’intérêt particu-