Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/93

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qui lui résiste, ne font toutes deux qu’obéir au même principe de vanité ; que, dans un amant, l’une cherche un admirateur de ses attraits, l’autre fuit un délateur de ses disgraces ; et qu’animées toutes deux par le même motif, entre la prude et la femme galante, il n’y a jamais que la beauté de différence.

Voilà comme les passions différentes s’insultent réciproquement ; et pourquoi le glorieux, qui méconnoît le mérite dans une condition médiocre, qui le dédaigne, et qui voudroit le voir ramper à ses pieds, est à son tour méprisé des gens éclairés. Insensé, lui diroient-ils volontiers, homme sans mérite et même sans orgueil, de quoi t’applaudis-tu ? des honneurs qu’on te rend ? Mais ce n’est point à ton mérite, c’est à ton faste et à ta puissance, qu’on rend hommage. Tu n’es rien