Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/166

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nous a doués de tous nos sens : or les sens sont les sources de toutes nos idées. Privés d’un sens nous sommes privés de toutes les idées qui y sont relatives. Un aveugle-né n’a, par cette raison, aucune idée des couleurs. Il est donc évident que, dans cette signification, l’esprit doit être en entier considéré comme un don de la nature.

Mais, si l’on prend ce mot dans une acception différente, et si l’on suppose qu’entre les hommes bien conformés, doués de tous leurs sens, et dans l’organisation desquels on n’apperçoit aucun défaut, la nature cependant ait mis de si grandes différences, et des dispositions si inégales à l’esprit, que les uns soient organisés pour être stupides, et les autres pour être spirituels, la question devient plus délicate.