Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/28

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des leurs : c’est pourquoi, si l’on en excepte un petit nombre d’esprits et de caracteres élevés qui conservent encore pour Corneille une estime raisonnée et sentie, les autres admirateurs de ce grand poëte l’estiment moins par sentiment que par préjugé et sur parole.

Tout changement arrivé dans le gouvernement ou dans les mœurs d’un peuple doit nécessairement amener des révolutions dans son goût. D’un siecle à l’autre, un peuple est différemment frappé des mêmes objets, selon la passion différente qui l’anime.

Il en est des sentiments des hommes comme de leurs idées. Si nous ne concevons dans les autres que les idées analogues aux nôtres, nous ne pouvons, dit Salluste, être affectés que des passions qui nous