Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la mode, en remplaçant continuellement un ancien ridicule par un nouveau, efface bientôt du souvenir des hommes les ridicules anciens, et les auteurs qui les ont peints ; parcequ’enfin, ennuyée de la contemplation du même ridicule, la malignité des petits cherche dans de nouveaux défauts de nouveaux motifs de justifier ses mépris pour les grands. Leur impatience à cet égard hâte donc encore la chûte de ces sortes d’ouvrages, dont la célébrité souvent n’égale pas la durée du ridicule.

Tel est le genre de réussite que doivent avoir les romans satyriques. À l’égard d’un ouvrage de morale ou de métaphysique, son succès ne peut être le même ; le desir de s’instruire, toujours plus rare et moins vif que celui de censurer, ne peut fournir dans une nation ni un si grand nombre