Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/5

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peut s’appliquer à presque tous les ouvrages ; mais, pour faire plus for-

    ne soient encore agréables à quelques philosophes, qui les regardent comme la vraie histoire des mœurs d’un peuple considéré dans un certain siecle et une certaine forme de gouvernement. Ces philosophes, convaincus qu’il y auroit une très grande différence entre deux romans, l’un écrit par un Sybarite, et l’autre par un Crotoniate, aiment à juger le caractere et l’esprit d’une nation par le genre de roman qui la séduit. Ces sortes de jugements sont d’ordinaire assez justes ; un politique habile pourroit avec ce secours assez précisément déterminer les entreprises qu’il est prudent ou téméraire de tenter contre un peuple : mais le commun des hommes, qui lit les romans moins pour s’instruire que pour s’amuser, ne les considere pas sous ce point de vue, et ne peut en conséquence en porter le même jugement.