Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/95

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que entreprendroit de soumettre les peuples à une autorité arbitraire et tyrannique ? Tout Anglais sensé conviendra donc que c’est à la position physique de son pays qu’il doit sa liberté ; que la forme de son gouvernement ne pourroit subsister, telle qu’elle est, en terre ferme sans être infiniment perfectionnée ; et que l’unique et légitime sujet de son orgueil se réduit au bonheur d’être né insulaire plutôt qu’habitant du continent.

Un particulier fera sans doute un pareil aveu, mais jamais un peuple. Jamais un peuple ne donnera à sa vanité les entraves de la raison : plus d’équité dans ses jugements supposeroit une suspension d’esprit trop rare dans les particuliers pour la trouver jamais dans une nation.

Chaque peuple mettra donc toujours au rang des dons de la nature