Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/103

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chaque instant l’avoir trouvé ; on s’accroche au premier venu ; on l’aime tant qu’on le connoît peu et qu’on est curieux de le connoître. La curiosité est-elle satisfaite ? on s’en dégoûte : on n’a point rencontré le héros de son roman. C’est ainsi qu’on devient susceptible d’engouement, mais incapable d’amitié. Pour l’intérêt même de l’amitié, il faut donc en avoir une idée nette.

J’avouerai qu’en la considérant comme un besoin réciproque on ne peut se cacher que, dans un long espace de temps, il est très difficile que le même besoin, et par conséquent la même amitié[1], subsiste

  1. Les circonstances dans lesquelles deux amis doivent se trouver une fois données, et leurs caracteres connus, s’ils doivent se brouiller, nul doute qu’un homme de beaucoup d’esprit, en prédisant l’instant