Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/120

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ignorance de la méchanceté des hommes (ignorance précieuse qui dans la premiere jeunesse resserre si fort les liens de l’amitié) : aussi sont-ils peu sensibles au charme de ce sentiment ;

    sont plus riches et plus heureux que nous ; on peut assurer qu’à leur exemple la plupart des hommes font pareillement la guerre au sage. Ils haïssent en lui une modération de caractere qui, réduisant ses desirs à ses possessions, fait la critique de leur conduite, et rend le sage trop indépendant d’eux. Ils regardent cette indépendance comme le germe de tous les vices, parce qu’ils sentent qu’en eux la source de l’humanité tariroit aussitôt que celle des besoins réciproques.

    Ces sages cependant doivent être très chers à la société. Si l’extrême sagesse les rend quelquefois indifférents à l’amitié des particuliers, elle leur fait aussi, comme le prouve l’exemple de l’abbé de S.-Pierre et de Fontenelle, répandre sur l’humanité