Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/155

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est impossible[1] ; mais celui dont la plus forte passion est tellement conforme à l’intérêt général, qu’il est presque toujours nécessité à la vertu. C’est pourquoi l’on approche d’autant plus de la perfection et l’on mérite d’autant plus le nom de vertueux, qu’il faut, pour nous déterminer à une action malhonnête ou criminelle, un plus grand motif de plaisir, un intérêt plus puissant, plus capable d’enflammer nos desirs, et qui suppose

  1. S’il est des hommes qui semblent avoir sacrifié leur intérêt à l’intérêt public, c’est que l’idée de vertu est, dans une bonne forme de gouvernement, tellement unie à l’idée de bonheur, et l’idée de vice la l’idée de mépris, qu’emporté par un sentiment vif, dont on n’a pas toujours l’origine présente, on doit faire par ce motif des actions souvent contraires à son intérêt.