Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/183

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Mais, dira-t-on, qui peut dérober cette connoissance aux visirs ? Et comment, répondrai-je, l’acquerroient-ils dans ces pays despotiques, où les citoyens n’ont nulle part au maniement des affaires publiques ; où l’on voit avec chagrin quiconque tourne ses regards sur les malheurs de la patrie ; où l’intérêt mal entendu du sultan se trouve en opposition avec l’intérêt de ses sujets ; où servir le prince c’est trahir sa nation ? Pour être juste et vertueux il faut savoir quels sont les devoirs du prince et des sujets ; étudier les engagements réciproques qui lient ensemble tous les membres de la société. La justice n’est autre chose que la connoissance profonde de ces engagements. Pour s’élever à cette connoissance il faut penser : or quel homme ose penser chez un peuple soumis au pouvoir arbitraire ? La