Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/236

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pense[1]. C’est à cette médiocrité qu’on confie presque toujours l’administration publique ; on en écarte les gens d’esprit. Trop inquiets et trop remuants, ils altéreroient, dit-on, le repos de l’état : repos comparable au moment de silence qui dans la nature précede de quelques instants la tempête. La tranquillité d’un état ne prouve pas toujours le bonheur des sujets. Dans les gouvernements arbitraires, les hommes sont comme ces chevaux qui, serrés par les morailles, souffrent sans remuer les plus cruelles opérations : le coursier en liberté se cabre au premier coup. On prend dans ces pays la léthargie pour la tranquillité. La passion de la

  1. Dans ces pays, l’esprit et les talents ne sont honorés que sous de grands princes et de grands ministres.