Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/204

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qui, si je l’ose dire, établit un pont de communication entre la science et l’ignorance. Il s’apperçut que l’ignorant même pouvoit recevoir les semences de toutes les vérités ; mais que, pour cet effet, il falloit avec adresse y préparer son esprit ; qu’une idée nouvelle, pour me servir de son expression, étoit un coin qu’on ne pouvoit faire entrer par le gros bout. Il fit donc ses efforts pour présenter ses idées avec la plus grande netteté ; il y réussit : la tourbe des esprits médiocres se sentit tout-à-coup éclairée, et la reconnoissance publique lui décerna le titre d’esprit de lumiere.

Que falloit-il pour opérer un pareil prodige ? simplement observer la marche des esprits ordinaires ; savoir que tout se tient et s’amene dans l’univers ; qu’en fait d’idées, l’ignorance est toujours contrainte de céder à la force