Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/239

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l’homme de mérite de l’homme médiocre que par l’espece de mal qu’on en dit ; où l’on est, pour ainsi dire, convenu de diviser la nation en deux classes ; l’une, celle des bêtes, et c’est la plus nombreuse ; l’autre, celle des fous, et l’on comprend dans cette derniere tous ceux à qui l’on ne peut refuser des talents. D’ailleurs la médisance est maintenant l’unique ressource qu’on ait pour faire l’éloge de soi et de sa société. Or chacun veut se louer. Soit qu’on blâme ou qu’on approuve, qu’on parle ou qu’on se taise, c’est toujours son apologie qu’on fait. Chaque homme est un orateur qui, par ses discours ou ses actions, récite perpétuellement son panégyrique. Il y a deux manieres de se louer ; l’une en disant du bien de soi ; l’autre en disant du mal d’autrui. Les Cicéron, les Horace, et généralement tous les