Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/240

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anciens, plus francs dans leurs prétentions, se donnoient ouvertement les louanges qu’ils croyoient mériter. Notre siecle est devenu plus délicat sur cet article. Ce n’est que par le mal qu’on dit d’autrui qu’il est maintenant permis de faire son éloge. C’est en se moquant d’un sot qu’on vante indirectement son esprit. Cette maniere de se louer est sans doute la plus directement contraire aux bonnes mœurs ; c’est cependant la seule en usage. Quiconque dit de lui le bien qu’il en pense est un orgueilleux, chacun le fuit ; quiconque, au contraire, se loue par le mal qu’il dit d’autrui est un homme charmant ; il est environné d’auditeurs reconnoissants ; ils partagent avec lui les éloges indirects qu’il se donne, et ne cessent d’applaudir à de bons mots qui les soustraient au chagrin de louer. Il paroît donc qu’en