Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/254

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connu, doit avoir été dépecé dans une infinité d’ouvrages médiocres.

En effet, si les particuliers qui composent la société doivent se ranger sous plusieurs classes qui toutes ont pour entendre et pour voir des oreilles et des yeux différents, il est évident que le même écrivain, quelque génie qu’il ait, ne peut également leur convenir ; qu’il faut des auteurs pour toutes les classes[1], des Neuville

  1. Je rapporterai à ce sujet un fait assez plaisant. Un homme se faisoit un jour présenter à un magistrat, homme de beaucoup d’esprit. « Que faites-vous ? lui demanda le magistrat » — « Je fais des livres, répondit-il ». — « Mais aucun de ces livres ne m’est encore parvenu. » — « Je le crois bien, reprend l’auteur ; je ne fais rien pour Paris. Dès qu’un de mes ouvrages est imprimé, j’en envoie l’édition en Amérique : je ne compose que pour les colonies. »