Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/30

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se nourrir, c’est qu’ils n’ont nuls motifs de braver les dangers : ont-ils un besoin ? ils ont du courage ; le cerf en rut est aussi furieux qu’un animal vorace.

Appliquons à l’homme ce que j’ai dit des animaux. La mort est toujours précédée de douleurs, la vie toujours accompagnée de quelques plaisirs. On est donc attaché à la vie par la crainte de la douleur et par l’amour du plaisir : plus la vie est heureuse, plus on craint de la perdre : et de là les horreurs qu’éprouvent à l’instant de la mort ceux qui vivent dans l’abondance. Au contraire, moins la vie est heureuse, moins on a de regret à la quitter : de là cette insensibilité avec laquelle le paysan attend la mort.

Or, si l’amour de notre être est fondé sur la crainte de la douleur et