Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/34

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qu’ils les ignorent ; parceque les passions, en fixant toute leur attention sur l’objet de leurs desirs, leur dérobent du moins une partie du péril auquel elles les exposent.

Pour avoir une mesure exacte du vrai courage de ces sortes de gens, il faudroit pouvoir en soustraire toute la partie du danger que les passions ou les préjugés leur cachent ; et cette partie est ordinairement très considérable. Proposez le pillage d’une ville à ce même soldat qui monte avec crainte à l’assaut, l’avarice fascinera ses yeux ; il attendra impatiemment l’heure de l’attaque ; le danger disparoîtra ; il sera d’autant plus intrépide qu’il sera plus avide. Mille autres causes produisent l’effet de l’avarice. Le vieux soldat est brave, parceque l’habitude d’un péril auquel il a toujours échappé rend à ses yeux le péril nul ; le soldat