Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/35

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victorieux marche à l’ennemi avec intrépidité, parcequ’il ne s’attend point à sa résistance, et croit triompher sans danger. Celui-ci est hardi, parcequ’il se croit heureux ; celui-là, parcequ’il se croit dur ; un troisieme, parcequ’il se croit adroit. Le courage est donc rarement fondé sur un vrai mépris de la mort. Aussi l’homme intrépide l’épée à la main sera souvent poltron au combat du pistolet. Transportez sur un vaisseau le soldat qui brave la mort dans le combat, il ne la verra qu’avec horreur dans la tempête, parcequ’il ne la voit réellement que là.

Le courage est donc souvent l’effet d’une vue peu nette du danger qu’on affronte, ou de l’ignorance entiere de ce même danger. Que d’hommes sont saisis d’effroi au bruit du tonnerre, et craindroient de passer une nuit dans un bois éloigné des grandes routes,