Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/37

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L’aspect de leur ennemi étouffoit en eux le cri de l’honneur. Il falloit, pour y obéir, que, seuls et s’échauffant eux-mêmes de ce sentiment, il saisissent le moment d’un transport pour se donner, si je l’ose dire, la mort sans s’en appercevoir. C’est aussi pour prévenir l’effet que produit sur presque tous les hommes la vue du danger, qu’à la guerre, non content de ranger les soldats dans un ordre qui rend leur fuite très difficile, on veut encore en Asie les échauffer d’opium, en Europe d’eau-de-vie, et les étourdir ou par le bruit du tambour ou par les cris qu’on leur fait jeter[1].

  1. Le maréchal de Saxe, en parlant des Prussiens, dit à ce sujet, dans ses Rêveries, que l’habitude où ils sont de charger leurs armes en marchant est très bonne. Distrait par cette occupation, le soldat ajoute-t-il, en voit moins le dan-