Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/36

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lorsqu’on n’en voit aucun qui n’aille de nuit et sans crainte de Paris à Versailles ! Cependant la mal-adresse d’un postillon, ou la rencontre d’un assassin dans une grande route, sont des accidents plus communs, et par conséquent plus à craindre qu’un coup de tonnerre ou la rencontre de ce même assassin dans un bois écarté. Pourquoi donc la frayeur est-elle plus commune dans le premier cas que dans le second ? C’est que la lueur des éclairs et le bruit du tonnerre, ainsi que l’obscurité des bois, présentent chaque instant à l’esprit l’image d’un péril que ne réveille point la route de Paris à Versailles. Or il est peu d’hommes qui soutiennent la présence du danger : cet aspect a sur eux tant de puissance, qu’on a vu des hommes, honteux de leur lâcheté, se tuer et ne pouvoir se venger d’un affront.