Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelque éloge qu’on donne à l’étendue de leurs lumieres, que des esprits très communs. C’est à la force de leur caractere[1] plus qu’à celle de leur

  1. Les caracteres forts, et par cette raison souvent injustes, sont, en matiere de politique, encore plus propres aux grandes choses que de grands esprits sans caractere. Il faut, dit César, plutôt exécuter que consulter les entreprises hardies. Cependant ces grands caracteres sont plus communs que les grands esprits. Une grande passion, qui suffit pour former un grand caractere, n’est encore qu’un moyen d’acquérir un grand esprit. Aussi, entre trois ou quatre cents ministres ou rois, trouve-t-on ordinairement un grand caractere, lors qu’entre deux ou trois mille on n’est pas toujours sûr de trouver un grand esprit ; supposé qu’il n’y ait d’autres génies vraiment législatifs que ceux de Minos, de Confucius, de Lycurgue, etc.