Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

incapable d’une longue et forte attention. Aussi n’est-on pas en droit d’exiger de l’homme en place une semblable attention. Ce n’est point à lui à percer jusqu’aux premiers principes de la morale et de la politique ; à découvrir, par exemple, jusqu’à quel degré le luxe est utile, quels changements ce luxe doit apporter dans les mœurs et les états, quelle espece de commerce il faut le plus encourager, par quelles lois on peut dans la même nation concilier l’esprit de commerce avec l’esprit militaire, et la rendre à-la-fois riche au-dedans et redoutable au-dehors. Pour résoudre de pareils problêmes il faut le loisir et l’habitude de méditer. Or comment penser beaucoup quand il faut beaucoup exécuter ? On ne doit donc pas demander à l’homme en place cet esprit d’invention qui suppose de grandes