Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 6.djvu/151

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suader, qu’avant de prendre un parti ils en calculent, les jetons en main, les avantages et les inconvénients : il faudroit pour cet effet que les hommes ne fussent déterminés dans leur conduite que par la réflexion ; et l’expérience nous apprend qu’ils le sont toujours par le sentiment, et qu’à cet égard les gens froids sont des hommes. Pour s’en convaincre, que l’on suppose qu’un deux soit mordu d’un chien enragé : on l’envoie à la mer ; il se met dans une barque, on va le plonger. Il ne court aucun risque, il en est sûr ; il sait que dans ce cas la peur est tout-à-fait déraisonnable ; il se le dit. On le plonge ; la réflexion n’agit plus sur lui ; le sentiment de la crainte s’empare de son ame ; et c’est à cette crainte ridicule qu’il doit sa guérison. La réflexion est donc, dans les gens froids comme dans les autres